Communiqué de presse
Dépister le cancer du poumon à temps, pour mieux le traiter

Bruxelles, 19 novembre 2025 — Dans le cadre du mois de sensibilisation au cancer du poumon, l’Hôpital Universitaire de Bruxelles (H.U.B) lance un appel fort : il est temps de mettre en place un parcours officiel et accessible de dépistage du cancer du poumon en Belgique.
- Le cancer du poumon reste la première cause de mortalité par cancer en Belgique.
- Des études internationales majeures ont démontré qu’un dépistage par scanner à faible dose réduit de 20 % à 30 % la mortalité liée au cancer du poumon chez les personnes à risque.
- L’H.U.B peut mettre en œuvre un parcours officiel et accessible de dépistage, mais appelle à un cadre institutionnel et un remboursement clair pour le rendre possible.
Un cancer encore trop souvent diagnostiqué tardivement
Le cancer du poumon est la première cause de mortalité par cancer en Belgique :
- 9.487 nouveaux cas ont été diagnostiqués en 2023
- 5.716 décès ont été recensés en 2021
- Le taux de survie à 5 ans est d’environ 30%1
Souvent diagnostiqué à un stade avancé, il reste pourtant l’un des cancers pour lesquels les progrès médicaux sont les plus rapides : nouveaux traitements ciblés, immunothérapies et amélioration du suivi personnalisé permettent aujourd’hui d’allonger significativement l’espérance et la qualité de vie des patients. Mais, pour bénéficier de ces avancées, il faut diagnostiquer plus tôt.
« Nous disposons aujourd’hui des technologies et de l’expertise nécessaires pour identifier les personnes à risque et repérer la maladie à un stade précoce. Ce qui manque, c’est un parcours de dépistage structuré et reconnu par les autorités de santé. Il est urgent de franchir cette étape. »
— Pr. Dimitri Leduc, Chef du Service de Pneumologie de l’H.U.B
Des moyens existent, mais un cadre institutionnel manque
Des examens efficaces existent déjà — notamment le scanner thoracique à faible dose — et permettent de détecter les tumeurs avant l’apparition des symptômes. Cependant, ces examens ne s’intègrent pas encore pleinement dans le parcours de soins et ne sont pas proposés systématiquement aux publics à risque, comme les fumeurs ou les anciens fumeurs présentant une BPCO (Broncho-Pneumopathie Chronique Obstructive), souvent liée au cancer du poumon. La BPCO est, en effet, un facteur de risque à part entière : à tabagisme équivalent, les patients atteints de BPCO ont 2 à 6 fois plus de risque de cancer du poumon2.
Or, selon un rapport du KCE datant d’avril 2024, le coût moyen de prise en charge d’un cancer du poumon diagnostiqué tardivement est 2 à 3 fois supérieur à celui d’un cancer détecté précocement. Le dépistage par scanner à faible dose chez les personnes à haut risque présente un rapport coût-efficacité favorable, estimé à 18.000 – 22.000 € par années de vie gagnées (points QALY) par patient. En Belgique, un traitement ou un programme est généralement considéré comme « coût-efficace » si le coût par points QALY gagnés est inférieur à 35.000 €. Une mise en place nationale pourrait donc générer, à long terme, jusqu’à 25 % d’économies nettes sur les dépenses hospitalières liées à cette pathologie.3
« L’absence d’un cadre officiel et d’un remboursement clair des procédures de dépistage constitue un frein majeur. Pourtant, le coût humain et économique d’un diagnostic tardif est considérable : des traitements plus lourds, une qualité de vie dégradée et une charge accrue pour le système de santé. »
— Dr. Blandine Jelli, Onco-Pneumologue à l’H.U.B
Innovation et recherche pour un dépistage accessible et efficace
De nombreuses études internationales rigoureuses ont aujourd’hui démontré l’intérêt réel d’un dépistage par scanner thoracique à faible dose (LDCT) pour les populations à risque. Par exemple :
- Le NLST (États-Unis) a montré une réduction d’environ 20 % de la mortalité par cancer du poumon chez les personnes dépistées, comparé à la radiographie pulmonaire4.
- Le grand essai NELSON (Pays-Bas/Belgique) a, quant à lui, rapporté une réduction de 24 % de la mortalité liée au cancer pulmonaire pour les hommes (et encore plus élevée chez les femmes) après plusieurs années de suivi5.
- Une méta-analyse récente, regroupant huit à onze essais randomisés et près de 90.000 à 95.000 participants, montre une réduction moyenne de la mortalité spécifique du cancer pulmonaire de l’ordre de 17 à 21 % chez les personnes dépistées, selon les protocoles6.
Dans un autre registre, le projet Interreg « ALCOVE », qui est co-financé par l’Union Européenne, explore le potentiel d’un « nez électronique » capable de détecter des composés organiques volatils caractéristiques du cancer du poumon dans l’haleine des patients. Cette technologie, complémentaire aux examens d’imagerie, pourrait rendre le dépistage plus rapide, moins invasif et plus accessible7.
Conscientes de ces enjeux, les équipes des services de Pneumologie et d’Oncologie Thoracique de l’H.U.B sont en train de préparer le terrain dans l’attente de l’obtention d’un remboursement du dépistage du cancer du poumon. Elles soulignent également l’importance d’un soutien institutionnel global qui prenne en compte le financement du sevrage tabagique (consultations, accompagnement, thérapies de substitution) pour réduire durablement le risque, ainsi que le renforcement des plateformes de coordination existantes, afin de garantir une prise en charge fluide, intégrée et continue du patient à risque.
« Ces résultats, appuyés par les recommandations nationales, européennes et internationales, sont sans appel : un dépistage systématique et ciblé diminue l’incidence de cancer pulmonaire et la mortalité associée. Nous avons les données, les outils et les compétences. Il ne manque plus qu’une décision politique pour franchir le pas. » — Dr. Anouk Goudsmit, Oncologue à l'H.U.B
Le mois de novembre : Les équipes de l’H.U.B se mobilisent autour d’une série d’initiatives pour informer, sensibiliser et échanger avec les patients, le grand public et les professionnels de santé sur les enjeux du cancer du poumon. Au programme :
Toutes les infos ici : https://www.erasme.be/fr/mois-cancer-poumon-2025 Ces actions visent à permettre une identification précoce de la maladie, à changer le regard que l’on porte sur la maladie et les personnes qui en sont atteinte et, enfin, à rappeler qu’un diagnostic de cancer du poumon n’est pas toujours une fatalité. |
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Louis Dijon
Marine Lhomel
[1] Source : Cancer Fact Sheet Cancer du Poumon, Belgian Cancer Registry, https://kankerregister.org/fr/publicaties/cancer-fact-sheet-cancer-du-poumon-2023
2 Sources : https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/18565949/ ; https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/41113251/
3 Source : KCE Report 379Bs – Dépistage du cancer du poumon chez les personnes à haut risque, 2024. https://kce.fgov.be/sites/default/files/2024-04/KCE379BS_depistage_cancer_poumons_personnes_haut_risque.pdf
4 Source : Screening for lung cancer: time for large-scale screening by chest computed tomography
Dekel Shlomi, Ronny Ben-Avi, Gingy Ronen Balmor. European Respiratory Journal 2014 44(1): 217-238
5 Source: van Meerbeeck JP, Franck C. Lung cancer screening in Europe: where are we in 2021? Transl Lung Cancer Res 2021;10(5):2407-2417. doi: 10.21037/tlcr-20-890
6 Source: Bonney A, Malouf R, Marchal C, Manners D, Fong KM, Marshall HM, Irving LB, Manser R. Impact of low-dose computed tomography (LDCT) screening on lung cancer-related mortality. Cochrane Database Syst Rev. 2022 Aug 3;8(8):CD013829. doi: 10.1002/14651858.CD013829.pub2. PMID: 35921047; PMCID: PMC9347663.
7 Source https://www.rpl99fm.com/podcasts/projet-alcove-une-avancee-pour-le-depistage-du-cancer-du-poumon-1612